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graines / recherches

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Intentions pour le film sur la grotte Chauvet.

En découvrant les photos des peintures rupestres de la grotte Chauvet, j’ai été frappé par la maîtrise graphique des Aurignaciens qui les avaient dessinées. La précision parfois anatomique des représentations laisse songeur quant à l’intelligence d’observation et à la pratique du dessin des hommes ou des femmes qui ont réalisés ces images. Bien sûr, en voyant ces illustrations, de nombreuses questions sur leur fonction viennent à l’esprit : Quel pouvait être l’usage de ces images ? Avaient-elles vocation à enseigner le nom des animaux ? Était-ce une sorte de bestiaire encyclopédique, ou bien ces images étaient-elles juste la manifestation graphique d’un rituel célébrant la nature ou la chasse? Si ces questions se posent sûrement aux historiens, le questionnement que j’ai choisi d’aborder dans mon petit film est plutôt celui de la trace et de ce qui nous parvient.

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36000 ans environ se sont écoulés entre la représentation de ces images et leur découverte. On peut donc légitimement se demander si ce qui nous est donné à voir aujourd’hui constitue un tout, ou si des représentations, seule une image partielle nous est parvenue : la trace indélébile de ce qui ne constituait à l’époque que le contour d’une représentation plus pleine et plus colorée mais moins pérenne.

N’étant pas scientifique, il m’est impossible de répondre à cette question, par contre la modernité des images de l’époque prouvent que l’Homme d’aujourd’hui est le même que celui qui a vécu ou occupé ces grottes. Il est donc légitime de penser que ce que les artistes d’aujourd’hui imagineraient de faire avec ces images aurait pu être également envisagé à l’époque.

Ce qui étonne aussi en voyant ces images, c’est qu’elles nous sont de représentations du mouvement. Dans la course, les pattes se démultiplient, les naseaux se dilatent et on pourrait même imaginer qu’à la faveur de l’humidité de la grotte, les corps de ces animaux en mouvement luisent de sueur.

La proposition graphique que je vous soumets envisage de redonner vie à l’une de ces illustrations, mais sans altérer, animer ou modifier l’image déjà expressive. Plutôt en remplissant les espace laissés entre les contours avec de la couleur.

Essayons d’imaginer la part d’éphémère qui aurait disparue de ces images, les décors de plaines, la végétation, la lumière, qui caresse ces meutes d’animaux en pleine course. Un environnement coloré fait de plantes, de fleurs et d’écorces, de matière végétales bariolées, de ce qui ne résiste pas au temps. Il me plaît d’imaginer que c’est comme cela que les habitants de l’époque célébraient ces images. En les frottant de pigments, de matières colorées en y accolant des pétales ou des brindilles. Le coloriage animé d’une nature en mouvement.

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L’animation sera réalisée sur banc titre. L’image fixe d’un groupe d’animaux sera utilisé comme base du film. Le cadrage partiel de l’illustration, tantôt sur les pattes la tête ou les corps, renforcera l’impression du mouvement crée par les volutes de matière colorée. La trame narrative sera basée sur cette opposition entre éphémère et éternité. Les contours des dessins émergent de l’obscurité. Petit à petit, la roche froide laisse la place à un ballet coloré fait de matière végétale. Les couleurs suggèrent la vie, le mouvement et le temps qui passe. Enfin les matières organiques flétrissent puis évanouissent dans les limbes du temps.

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